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La Serpe

La Serpe

Auteur : Maître Christophe BIDAL
Publié le : 31/08/2023 31 août août 08 2023

C’est la rentrée des classes et, pour le monde judiciaire, la fin des vacations judiciaires et la reprise du cours normal des audiences.

Pour l’avocat plaidant, qui a « rongé son frein » pendant les vacations, vient le temps de plaider.

Le temps de plaider fait suite à celui de la mise en état des dossiers laquelle, nonobstant les vacations judiciaires, ne s’est pas arrêtée.

Le temps des vacances n’est en effet pas suspensif des délais procéduraux impartis pour mettre en état.

Seules des circonstances très exceptionnelles, consacrées par la loi, peuvent justifier une suspension des délais procéduraux.

La dernière remonte à mars 2020 et l’on n’a pas envie de la revivre.

En d’autres termes, il est heureux qu’on ait continué de mettre en état les dossiers judiciaires pendant l’été qui s’achève.

Il faut maintenant mettre tout cela en musique et retourner plaider.

Quand on est avocat et qu’on plaide, on doit en éprouver de l’excitation.

Le profane s’en étonnera : habitué aux communications électroniques, l’oralité qui s’offre sociétalement à lui est pour l’essentiel celle du monde politique, singulièrement celle de notre Assemblée Nationale, dont les moments cacophoniques sont diffusés médiatiquement.

L’oralité judiciaire n’est pas l’oralité politique, depuis toujours.

Aristote (in Rhétorique) distingue entre autres le discours judiciaire du discours politique.

Le discours judiciaire n’est pas aveuglé par le dogme ou l’idéologie.

Il est objectivé par la règle de droit – et réjouissons-nous que la nôtre soit celle d’une nation démocratique -.

Et il revient inlassablement, en toutes matières, à défendre une cause en tentant de convaincre le juge qu’elle est juste, non seulement en vue de la résolution du litige qui s’offre à lui, mais également à la vue de la communauté à laquelle appartiennent les justiciables, leurs avocats et leurs juges.

On peut plaider de plusieurs façons – en forme, en méforme, synthétiquement, longuement, interactivement… -, mais l’objectif demeure celui-ci.

Il faut lire La Serpe (Philippe JAENADA éditions POINTS).

L’auteur y raconte la vie d’Henri GIRARD alias Georges ARNAUD, journaliste et écrivain auteur du roman Le salaire de la peur, dont l’une des adaptations cinématographiques, jouée par Charles VANEL et Yves MONTAND, est un chef d’œuvre du cinéma français (la version US, intitulée Sorcerer, ayant été réalisée par le génial et regretté William FRIEDKIN).

Pour ce qui est de La Serpe, l’histoire dans l’histoire est celle d’un triple crime commis en octobre 1941 sous la France de Vichy, dont Henri GIRARD, fils et neveu de deux des victimes, sera accusé après une longue instruction à charge.

Il sera défendu par trois avocats remarquables, dont l’un des plus grands de l’histoire du Barreau, Maître Maurice GARÇON.

Et il sera acquitté.

La plaidoirie finale de Maître GARÇON y est racontée en détails : d’abord insuffler le doute sur les faits et le mobile, ensuite déconstruire l’instruction et enfin la reconstruire pour offrir à la Justice qui s’était jusqu’alors trompée, une porte de sortie.

Sont ainsi cités les mots par lesquels Maître GARÇON a conclu sa plaidoirie :

« … le procès d’Henri GIRARD est terminé, mais j’en prends ici l’engagement, l’affaire commence ! … »

La recette est celle d’Aristote : on conteste la cause adverse (sans éluder son moyen fort), on défend la cause de son client et on convainc qu’elle est juste pour le justiciable qu’on défend et pour la Société.

C’est cela plaider, quelle que soit la matière.

Et quand on plaide dans un droit de tradition orale – le droit du travail par exemple !!! -, on est bien content – en pensant à Maurice GARÇON - de reprendre le chemin des juridictions.


Article rédigé par Maître Christophe BIDAL, Avocat Associé

 

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